Décoration Matière

Bananier, la fibre (très) créative

Alors que les préoccupations écologiques sont au cœur de la création, un matériau émerge sur le marché : le bananier.

Alors que les préoccupations écologiques sont au cœur de la création, un matériau émerge sur le marché : le bananier. Ses feuilles et ses tiges (un déchet au regard de la production alimentaire) peuvent représenter des alternatives de qualité, économiques et écologiques.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il n’y a pas de bois dans le bananier, ce n’est donc pas un arbre mais une plante géante, pouvant atteindre plusieurs mètres (sa taille fait aussi partie de ses atouts). Alors plutôt que de tronc on parle de stipe, une tige composée de feuilles. Si le bananier est cultivé essentiellement pour ses fruits, certaines variétés sont exclusivement exploitées pour des produits dérivés. Résultat, pas de déforestation : le renouvellement des plantes s’opère naturellement et permet de conserver les ressources.

Que deviennent les fibres de bananiers ?

Des cordages

Aux Philippines, la fibre extraite des feuilles de l’abaca (une variété de bananier), pouvant mesurer jusqu’à 3 mètres de long, s’avère très résistante à la rupture et sert à fabriquer des cordages pour les bateaux (notamment pour l’Hermione, réplique de la fameuse frégate du 18e siècle), des chapeaux, des filets de pêche…

Des papiers

Connue depuis des siècles pour son fil soyeux et solide, la fibre du bananier entre communément dans la fabrication de papiers résistants et fins. Son apparence originale est une source créative pour les amateurs de scrapbooking. Si son aspect fibreux et texturé ne peut pas rivaliser avec du papier classique, il se prête à de multiples autres usages : sachets de thé, d’infusion et filtres à café, papiers d’emballage, sacs pour aspirateurs, rubans bolduc, sets de table, papiers à cigarettes, billets de banque…

Des composants automobiles

Tout récemment, l’association européenne de matériaux composites, le JEC Group, a décerné un prix de l’innovation à une entreprise philippine ‘Manila Cordage’ produisant des fibres de bananier (en remplacement des fibres de verre) destiné au revêtement du sous-plancher d’une voiture haut de gamme européenne. D’après le constructeur, l’utilisation de cette nouvelle fibre par l’in- dustrie automobile pourrait abaisser de 60 % le coût énergétique de production.

Des tissus malins

Les tiges transformées en fibres peuvent être tissées pour former un tissu solide. À travers l’histoire, ces fibres ont été utilisées pour créer des tissus soyeux, doux et souples servant à fabriquer des nappes, des kimonos, des saris… De nombreux tapis et autres produits sont également fabriqués spécifiquement en tissu de

bananier en raison de sa résistance. Par conséquent, beaucoup de designers et fabricants l’utilisent également en raison de son coût et de sa durabilité. Enfin, sa haute résistance à l’étirement, à la graisse, au feu et à l’eau, en fait un tissu idéal pour les imperméables et les vêtements de plein air.

Du mobilier

Côté déco, les chercheurs et les designers soucieux de l’environnement se sont intéressés à la fibre de bananier en imaginant des meubles : fauteuils, canapés, lits, poufs… Un mobilier qui trouve sa place sur une terrasse puisque cette ma- tière ne craint ni les rayons du soleil ni la pluie.

En décoration, la fibre fait un carton

La véritable innovation, c’est sans doute l’utilisation du bananier pour créer un revêtement 100 % naturel. Implantée à la Martinique, une entreprise en a fait sa spécialité : un placage fabriqué à partir des tiges de bananiers et qui ne nécessite ni eau ni colle dans sa fabrication. L’entreprise assume son engagement écologique en installant l’usine au cœur de la bananeraie pour limiter les transports. De plus, elle produit son électricité à l’aide de panneaux photovoltaïques afin d’offrir un bilan carbone exemplaire de son produit. Pas étonnant que ce produit ait remporté le prix de l’innovation et une mention spéciale PME en 2011 lors de sa présentation au salon Batimat.

Les multiples finitions possibles, la finesse, la résistance, les qualités acoustiques du Green Blade (nom du produit de placage) en font un matériau haut de gamme, novateur que prescrivent de nombreux architectes et décorateurs. Ainsi, d’Aruba à Paris et de Hong Kong à Amsterdam, le Green Blade s’intègre dans des hôtels et des bâtiments dont la conception architecturale intérieure se double d’une conscience écologique.

Enfin, utilisé par des designers réputés pour la réalisation de tables, plateaux et luminaires, pas de doute que ce matériau organique inspire, tout naturellement.

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